Jérôme Gazelle

Un créateur est avant tout une histoire.

Le début de la mienne commence dans les cabanes en forêt et les inventions venues d’un monde d’enfant solitaire. L’atelier de sculpture d’un grand-père rêveur m’a pointé un doigt discret sur un chemin qui serait un jour le mien. L’adolescence balaye certains de nos secrets d’enfant, je choisis quand même de me tourner vers la menuiserie, l’odeur du bois fraichement coupé ne m’a jamais laissé insensible.

« Ne deviens pas juste technicien, apprend à diriger les chantiers ! ». Ce BTS a au moins eu le mérite d’être marrant et de me faire rencontrer un ami de vie. Bon… trop de technique, ça manque un peu d’aventures, et si j’allais faire le tour de l’Europe à pied pendant quelques années ? Les mains sont mises de côté pendant plus de trois ans de marche, mes pieds me promènent sur les chemins de ma vie sur quelque 17 000 kilomètres que dure cette joyeuse randonnée.

La boucle est bouclée, j’ai bien envie de l’écrire dans un livre. T’es écrivain maintenant ? Je décide de revivre ce périple à travers des milliers de lignes de mots et de phrases. Je prends mon temps, je n’ai jamais été un grand fortiche de la langue française. Mon père m’offre un jour un set de gouges à bois flambant neuves. Tiens allez, ça mettra un peu de fun dans ces longues journées d’écriture. Un nouveau plaisir se joint à ma routine, celui d’être seul dans un petit atelier et de donner vie à une forme dans une matière chaude et vivante. L’appel du bois et de la création revient à moi. Je me découvre sculpteur.

L’humain me manque. Un écrivain voyageur que j’apprécie a un jour crée une association qui aide les jeunes délinquants à se réinsérer à travers la marche à pied. Le deal : Un accompagnant et un jeune ensemble sur les chemins de Compostelle sur près de 2000 kilomètres. C’est beau ça ! Allons-y ! L’expérience frôle la mission suicide, le jeune confié n’a rien d’un enfant de chœur, je ressors de cette expérience avec une leçon gravée : on ne peut pas sauver tout le monde.

Un travail de charpentier me fait connaître la région de la Haute-Loire, une année me suffit largement, j’en ai ma claque de porter des tuiles et de travailler sous la pluie et le soleil. Mon projet devient de plus en plus clair au fur et à mesure des jours passés, je veux retrouver l’enfant qui ne m’a jamais quitté, je veux créer, travailler seul, explorer mes dons, renouer avec le bois, participer à chaque étape d’une création, sculpter de l’unique. Je veux être créateur et me mettre à mon compte. Bon c’est bien beau tout ça, mais pour faire quoi du coup ?

Quelques essais sur des bijoux en bois me comblent, les nœuds papillon suivent la lancée. Les mois passent, je constitue un stock, conçois mon stand. Je participe à mes premiers marchés de créateurs, à ma première boutique d’artisanat. L’envie de créer de plus grosses pièces commence à me prendre le cœur. Je fabrique une première sculpture. Le bonheur ressenti est sans égal : je suis fait pour ça.

L'atelier

Un atelier… Le deuxième de ma vie. Un endroit qui m’est dédié, un endroit où je me sens bien, un endroit où l’inspiration règne en permanence dans l’air. J’ai choisi de l’aménager afin de pouvoir aussi faire de la petite menuiserie. La surface ? 25m² et c’est très bien comme cela, surtout durant l’hiver où un petit chauffage au gaz me permet de travailler confortablement à 17 degrés. A défaut d’avoir une grande bibliothèque de livres, j’en ai fabriqué une pour la multitude d’essences de bois que j’utilise. Elle se trouve dans le fond de l’atelier et me permet de toujours avoir un accès rapide à mes bois. Bien entendu cette bibliothèque n’est qu’une partie de l’iceberg, un grand abri derrière la maison contient les plus grosses sections que j’utilise au fur et à mesure des projets plus ou moins gros.

Je n’ai pas hésité à acquérir de bons outils et de robustes machines, j’ai toujours apprécié travailler avec un matériel de bonne qualité. Non seulement pour le gain de temps qu’elles procurent mais aussi pour ne jamais rabattre la faute sur le matériel lorsque je n’arrive pas à fabriquer quelque chose. Etant donné que je débite mon bois moi-même, les grosses machines telle que la scie à ruban, la tronçonneuse ou la raboteuse me sont très utiles. Un outil rotatif, une lime électrique, une scie à chantourner ou une ponceuse à bande large viennent pour le façonnage des petites pièces. Pour les plus grosses, j’utilise une disqueuse à bec long ou une disqueuse normal avec des disques picots en carbure de tungstène. Mais le travail avec les machines n’est utile que pour dégrossir, les outils à la main prennent souvent le relais pour les travaux demandant de la précision. Ciseaux à bois, couteaux, gouges et râpes piquées à la main sont mes meilleures amies, et encore mieux, des amies silencieuses.

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